Fatigue cognitive, procrastination et dopamine : Comprendre l'impact du numérique sur notre cerveau et notre travail

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Découvrez dans cet article les effets insidieux de l'utilisation excessive des outils numériques, notamment des réseaux sociaux, sur notre bien-être et notre performance. Il s'agit d'un enjeu crucial pour nous, salariés, tant dans notre vie personnelle que professionnelle.

Dans un entretien accordé à Hugo Diverres pour Hellowork, Stéphane Ginocchio, spécialiste des neurosciences cognitives, met en lumière les effets insidieux de l'utilisation excessive des outils numériques, notamment des réseaux sociaux, sur notre bien-être et notre performance. Il s'agit d'un enjeu crucial pour nous, salariés, tant dans notre vie personnelle que professionnelle.

 Dopamine et  numérique : Un circuit de récompense détourné

Notre cerveau est programmé pour rechercher le plaisir associé à la survie via la dopamine, un neurotransmetteur essentiel. Autrefois déclenchée par des besoins fondamentaux (trouver de la nourriture, par exemple), la dopamine est aujourd'hui libérée de manière quasi instantanée par les notifications, les likes ou le simple fait de scroller sur les écrans. Ce plaisir, rapide et illimité, est malheureusement éphémère et ne procure pas la satisfaction profonde et durable des récompenses réelles.

L'industrie numérique, en particulier les plateformes sociales, a savamment détourné ce circuit de récompense. Les algorithmes sont conçus pour nous maintenir engagés, en nous proposant du contenu personnalisé qui renforce nos croyances existantes (biais d'exposition et de renforcement). Cette boucle de recherche constante de stimulation numérique, alimentée par la noradrénaline qui nous pousse à chercher toujours plus, finit par court-circuiter nos mécanismes naturels de modération (sérotonine). Notre cerveau, pris dans ce cercle vicieux, peut perdre son libre arbitre et devenir dépendant de ces doses de dopamine illusoires.

 Impacts sur les salariés : Fatigue, perte d'attention et procrastination

Les conséquences de cette utilisation excessive du numérique sont multiples et impactent directement notre quotidien au travail. Cela se traduit par une fatigue cognitive accrue due à la surcharge d'informations et au zapping permanent entre les tâches. Notre attention se fragmente, rendant difficile la concentration sur des sujets complexes ou nécessitant une réflexion approfondie.

La procrastination devient fréquente, notre cerveau préférant la récompense immédiate et facile du numérique aux efforts demandant plus de temps et d'énergie. De plus, le droit à la déconnexion devient un leurre, l'habitude de consulter son téléphone persistant même pendant les pauses ou en rentrant chez nous, empêchant une réelle récupération mentale. Stéphane Ginocchio souligne d'ailleurs qu'un manque de sommeil lié à l'exposition aux écrans peut altérer nos capacités cognitives au même titre qu'une consommation d'alcool.

 Comprendre les enjeus en tant que salariés

En tant que salariés, comprendre ces mécanismes est fondamental pour préserver notre bien-être et notre efficacité au travail. L'entreprise a certes un rôle à jouer dans la prévention des risques psychosociaux liés au numérique, mais il est essentiel que nous soyons nous-mêmes acteurs de notre "hygiène numérique". Un environnement de travail qui ne tient pas compte de ces enjeux peut contribuer à notre fatigue et à notre perte de concentration, affectant notre performance et, à terme, notre satisfaction professionnelle.

Savoir que notre cerveau peut être manipulé par les outils numériques nous donne les moyens de prendre du recul et d'adapter nos pratiques. Nous pouvons également être force de proposition pour aborder collectivement ces sujets et mettre en place des actions de sensibilisation ou des aménagements concrets (comme encourager de vraies pauses ou définir des règles claires sur l'utilisation des outils numériques professionnels).

 Agir collectivement : Sensibilisation et petits pas

Face à ce constat, il est essentiel de prendre conscience de cette influence du numérique et de chercher collectivement des solutions. Interdire purement et simplement les outils numériques n'est ni réaliste ni souhaitable, car ils restent des outils puissants. La première étape est la sensibilisation. Il est crucial de comprendre que notre instinct peut nous tromper face à ces mécanismes bien rodés.

Pour les individus, la "désintoxication", si le terme n'est pas statistiquement équivalent à d'autres addictions, doit passer par la progressivité, la volonté seule ne suffisant pas. La méthode des "petits pas" permet de contourner les mécanismes de défense du cerveau. L'éducation est également fondamentale pour apprendre à utiliser ces outils de manière éclairée.

 Conseils pratiques pour améliorer votre bien-être face au numérique

Voici quelques pistes concrètes, inspirées des propos de Stéphane Ginocchio, pour reprendre le contrôle et améliorer votre bien-être, notamment au travail :

• Prenez conscience de votre consommation : Observez le temps passé sur les écrans et les moments où vous ressentez le besoin irrépressible de les consulter. Cette prise de conscience est la première étape.
• Introduisez la méthode des "petits pas" : Si vous souhaitez réduire votre temps d'écran, faites-le très progressivement. Réduisez d'une minute par jour ou par semaine, par exemple, pour ne pas brusquer votre cerveau.
• Valorisez les vraies pauses : Éloignez-vous de vos écrans pendant vos pauses. Levez-vous, marchez, parlez à un collègue sans votre téléphone. Ces pauses cognitives sont essentielles à la récupération.
• Désactivez les notifications inutiles : Limitez les sollicitations constantes qui fragmentent votre attention et créent ce besoin de gratification immédiate.
• Apprenez à vous ennuyer : L'ennui est un moteur de la créativité et permet à votre cerveau de se reposer activement. Résistez à la tentation de combler chaque moment vide avec un écran (lorsque vous patientez dans une salle d'attente par exemple).
• Éduquez-vous et discutez-en : Parlez de ces enjeux avec vos collègues, amis, famille. Mieux comprendre les mécanismes à l'œuvre est une force.
• Fixez-vous des moments sans écran : Désignez des périodes dans votre journée ou votre semaine (repas, soirée, week-end) où les écrans sont bannis.
• Soyez indulgent avec vous-même : Si vous "craquez" et consultez vos écrans, ne vous blâmez pas. Reprenez simplement la méthode des petits pas.

En adoptant ces pratiques et en étant conscients de l'influence du numérique sur notre cerveau, nous pouvons collectivement œuvrer pour un meilleur équilibre et un bien-être accru au travail et dans notre vie quotidienne.

Source : Hellowork

Publication
09/07/2025 à 08h30
Mis à jour le 01/08/2025 à 14h05

Rédacteur
CSE Eureden Group